lundi, 6. juin 2011

Sortir du nucléaire avec le chanvre

Le cannabis sativa L pourrait aider à lutter contre le réchauffement climatique, sans les risques liés à l‘industrie nucléaire, grâce à ses potentialités énergétiques. Mais veut-on sortir de l‘enfer nucléaire et entrer aux paradis chanvriers ?

Bien que Jack Herer ait mis en évidence depuis 1985 avec la publication de son livre The Emperor Wears No Clothes les capacités biomasse du chanvre, cette propriété exceptionnelle n‘a guère été évoquée ces dernières années bien que les urgences relatives aux changements climatiques soient à l‘ordre du jour partout.

Pourtant, c‘est à partir des années 90, après la traduction du livre en allemand et en français, que la production de chanvre a retrouvé un certain développement. Mais alors que l‘utilisation de sa fibre suscite un intérêt croissant pour la construction ou le textile, ses capacités bioénergétiques (comburants/huile végétale pure) sont encore méconnues, même si la transformation est neutre en CO2.

Une telle utilisation demanderait de grandes surfaces de culture, comme avec le colza ou le maïs. Cela pourrait créer une concurrence avec d‘autres produits alimentaires, et en augmenter leur prix. Les vastes monocultures à vocation biomasse dans les pays émergents ont des conséquences catastrophiques sur l‘environnement vital des populations. Le chanvre est pourtant différent. Son principal avantage est qu‘il fournit plus de biomasse que les autres plantes utiles. D‘autre part, il n‘est pas utilisé actuellement dans la nourriture animale, comme le maïs ou le colza et ne rentrerait donc pas en concurrence avec eux. Enfin, c‘est la seule plante dont la culture ne nécessite ni pesticide, ni insecticide, ni intrans (engrais pétrochimiques).

L‘un des enjeux, c‘est d‘éviter la monoculture qui est sur la plan écologique dévastatrice. Cependant, en Europe, les terres en jachère ne manquent pas, tout comme les sols à dépolluer. Ce qui manque aujourd‘hui, c‘est principalement de la motivation pour développer cette alternative et un véritable engagement financier consacré à la recherche et aux innovations techniques appliquées. Les expériences de l‘Institut agricole Leibniz à Potsdam prouvent que le chanvre est bien supérieur au maïs ou au colza pour la production de méthane. A ce niveau, seul le topinambour aurait de meilleurs propriétés. Mais les recherches stagnent depuis des années.

Il va sans dire que Cannabis sativa L ne peut porter seul une réorientation de la politique énergétique. Néanmoins, en dépit de sa stigmatisation qui empêche de reconnaître sa véritable utilité et tous les bénéfices qui découleraient de cette politique chanvrière, ce serait un véritable atout pour apporter des solutions concrètes dans ce que certains appellent le «New Green Deal». Sauf que l‘infrastructure, les semences adéquates et les entreprises de transformation, sont encore trop rares, à cause des interdictions décrétées depuis plus d‘un demi siècle, assurant ainsi la croissance sans limite du complexe pétrochimique et pharmaceutique. Et c‘est pour ça que les subventions agricoles européennes pourraient, pour une petite part, judicieusement servir…

En France, les partis politiques se mettent tous à prôner le développement d‘énergies renouvelables, tout en voulant prolonger la durée de vie des réacteurs atomiques ce qui augmente potentiellement les risques d‘accidents nucléaires. Tous les pouvoirs successifs ont estimé et maintiennent l‘idée que le parc électro-nucléaire assurerait l‘indépendance énergétique de la France. Une aberration quand on connait la réalité de l‘exploitation du minerai d‘uranium.

Mais comme le potentiel bioénergétique du chanvre est pratiquement inexistant, tant dans les discours politiques que dans la culture des paysans et des entrepreneurs, on continue d‘ignorer son extraordinaire biomasse qui pourrait se révéler particulièrement efficace et utile sur le plan énergétique.

C‘est pourquoi, le nouveau mot d‘ordre de revendication pour la promotion des énergies renouvelables, pour la sauvegarde de l‘environnement et la protection des générations futures , devrait être : «Pas New Green Deal possible sans le chanvre»

Sources:

L‘empereur est nu, éditions du Lézard

Helermann, M., Plöchl, M., Leibniz-institut fûr Agrartechnik Bornim e V., Potsdam.

Biogas aus Pflanzen – Ergebnisse von Gärversuchen (biogaz de plante – résultats d‘essais de fermentation)

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