dimanche, 28. octobre 2012

Thérapeutique «financier» Réaction d‘une patiente

Fin juillet, l‘annonce de la première conférence sur les propriétés du cannabis en médecine au Parlement européen de Strasbourg, le 19 Octobre, en a ému plus d‘un. Organisée par Action Sida Ville, I CARE, et l‘Union Francophone pour les Cannabinoïdes en Médecine, avec la participation d‘Encod, la rencontre s‘intitule «Avancées pharmacologiques et utilisation thérapeutique des cannabinoïdes en médecine». Plusieurs intervenants (chercheurs en pharmacologie,horticulteurs, médecins, consommateurs…) y parleront du chanvre de ses possibilités à soulager les douleurs chroniques, de son intérêt par rapport à la chimiothérapie, surtout de ses conséquences, à l‘épilepsie, la sclérose en plaques, etc

Bien sûr, l‘Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé n‘est pas encore tout à fait prête à avaliser ces études provenant d‘un peu partout dans le monde. Les laboratoires hollandais, pionniers en la matière dans la qualité des produits mis sur le marché, seront bien présents; il se murmure que l‘ANSM pourrait devenir sensible à leurs argumentaires. Ce qui a provoqué l‘inquiétude d‘ une correspondante dont nous livrons le questionnement. Il est vrai qu‘à voir ce qui se pratique en Suisse par exemple où la médication à base de cannabinnoïdes est possible, le coût énorme des soins en limite singulièrement l‘accès aux plus démunis.

La lettre

«Se soigner, améliorer son État physique grâce aux cannabinoïdes thérapeutiques, c‘est possible mais à quel prix?

La vraie question serait: comment l‘État français pourra à terme contrôler la circulation des cannabinoïdes thérapeutiques? Ne nous voilons pas la face, tout est, encore une fois, question d‘argent!

Prenons l‘exemple d‘ un malade qui cultive chez lui, pour sa propre consommation, ses seules dépenses seront les graines et engrais, l‘équipement pour la culture, l‘électricité (pour la lumière et le chauffage) et l‘eau. L‘état français gagnera un peu d’argent via la TVA récoltée sur les appareils et produits achetés, mais rien sur le produit fini qui sera directement consommé.

En revanche, les laboratoires pharmaceutiques sont plus qu‘intéressés par la circulation de leurs produits sur le territoire et savent pertinemment comment les «vendre»: contrôle du produit pour une qualité constante, traçabilité des lots de la production jusqu‘au consommateur.

L‘enjeu financier du cannabis thérapeutique est donc double et concurrent : D‘un côté le chiffre d‘affaires généré par la vente de graines et produits dérivés pour la culture d‘un jardin personnel. De l‘autre, les laboratoires pharmaceutiques qui veulent également leur part du gâteau.

Dans le cadre d‘un rendez-vous médical, le praticien a le droit de reconnaître les bienfaits de la plante sur la pathologie du patient. Comment s‘ orientera la préconisation du médecin? A-t-il intérêt à promouvoir l‘autoproduction, sans pouvoir contrôler la qualité cultivée, la bonne variété, la quantité utilisée par rapport à la pathologie? Préfèrera-t-il orienter le malade vers une molécule d‘un laboratoire pharmaceutique, dont on connaît déjà les résultats testés et publiés? Nous connaissons tous la force de persuasion dont les laboratoires sont capables pour les médicaments déjà en circulation, qu‘en sera-t-il avec les cannabinoïdes? Le cannabis thérapeutique en devenant un produit financier peut avoir de lourdes conséquences pour les personnes malades. Comment les laboratoires fixeront leurs prix? Quelle sera la part revenant à l‘ Etat? Il est question ici d‘économie: la production nationale de chanvre pourra-t-elle assurer l‘approvisionnement des laboratoires français ? Quels sont ceux qui relèveront le challenge pour approvisionner le territoire? Laissera-t-on les grands noms européens, prêts à intervenir, s’engouffrer dans la brèche?

Il y a également la réduction des variétés développées qui devront répondre à un panel très large de maladies. Les laboratoires ne pourront pas développer toutes les variétés de plants utilisées actuellement pour le thérapeutique. Je pense ici à la règle du 80/20, 80% des maladies ne seront soulagées que par 20% de molécules / médicaments à base de cannabinnoïdes. Je pense même que ce ratio sera inférieur… Comme c‘est le cas en France avec le seul produit délivré pour les rares personnes bénéficiant d‘une ATU, la plupart restent insatisfaits. Heureusement, il reste le paracétamol et la morphine… A.F.»

 

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