samedi, 18. mai 2013

A propos des stages de sensibilisation

Depuis 2007, un stage de sensibilisation aux dangers de l’usage de cannabis et autres drogues illicites a pour objet de faire prendre conscience au condamné des conséquences dommageables pour la santé humaine et pour la société de l’usage de tels produits.

Basé sur le modèle de ce qui est proposé par la prévention routière, il doit être réalisé dans les 6 mois suivant la condamnation, au frais du condamné. Le coût ne peut excéder le montant maximum de l’amende encourue pour les contraventions de 3e classe soit 450 € actuellement.

En soi, l’idée de prévention a posteriori était intéressante, d’autant plus que cela permettrait que l’infraction ne soit pas fichée. Enfin en théorie. Mais au vu de la trace d’un stage, petit fascicule photocopié, on comprend qu’un récent rapport émette quelques doutes sur l’efficacité du système. Parce que pour 350€ , prix demandé en l’occurrence à la personne qui a bénéficié de 2 demi journées de formation, c’est parfois un peu léger.

Sous le titre Substances Psychoactives et Santé, on découvre 23 pages, avec des tableaux sommaires, des d’images grisâtres, et un peu de texte, qui ne permettent, c’est vrai, sans doute pas de préjuger en rien des contacts oraux.

Certaines pages laissent quand même un tantinet sceptique. Comme celle concernant l’alcool. Lucide, certes, puisque assimilé à la détente , la désinhibition (page 7), sans aucune évocation de la possibilité de la perte de contrôle de soi qui peut en être corollaire. Plus loin (page 16) un petit tableau des normes d’usage précise la quantité à respecter : deux verres par jour pour une femme, trois pour les hommes et quatre pour les occasionnels …

La définition du toxicomane est reprise d’Olievenstein : rencontre entre une personnalité, un produit et un moment socio culturel… très bien. Et on mentionne les circuits de la récompense, chers à Pharo, mais le schéma trop foncé (page 7) n’est guère explicatif.

Plus loin, dans un tableau (page 21) des différences entre substances psychoactives et substitution, l’alternative à produits coûteux est remboursement de la Sécurité Sociale…

 

Se pose une question. Si l’on croit nécessaire de laisser à chaque participant ce mémento, c’est certainement aussi pour qu’il circule. Un ado banal de 14-18 ans y trouvera de quoi déculpabiliser son attirance, ce qui est positif et novateur dans l’approche mais sans bien percevoir de limites objectives.

L’usage entre adultes réfléchis est une chose, la prévention sous-jacente pour une population mal informée ne devrait pas en être une autre. Tout au moins dans ce type de document.

L’étude de l’OFDT parue en décembre 2012 souligne la disparité des contenus, la satisfaction des stagiaires, mais évoque un effet limité sur la consommation future.

Le stage semble perçu comme une sanction pénale avant tout, impuissante par elle-même à détourner de l’usage les personnes qui n’envisageaient pas, déjà auparavant, d’infléchir leur consommation personnelle.

Tout est dit.

par Ananda

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