mardi, 3. septembre 2013

Nouvelle orientation à la MILDT ?

Dans le même temps que sortait le décret sur l’octroi aux laboratoires du cannabis thérapeutique, décret nécessité par l’Europe, était remis à la MILDT un rapport présidé et coordonné par le professeur Michel Reynaud, de l’hôpital Paul Brousse : «Les dommages liés aux addictions et les stratégies validées pour réduire ces dommages». Un peu avant, paraissaient le dernier rapport de l’OFDT et aussi de celui de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) dont on peut retrouver facilement les synthèses sur un moteur de recherche. Variations sur des constats similaires d’inefficacité et de statistiques.

Le rapport Reynaud concerne toutes les conduites à risques, les licites, permises, comme celles dues au tabac, à l’alcool, aux jeux de hasard, tout autant que celles dues au cannabis, à l’héroïne, la coke, et autres produits qui ne le sont pas du tout, permis.

Pour ce rapport, la consommation des produits psychoactifs est une des principales causes de souffrances sociales, de violence et de délinquance en France. Cette consommation cause des dommages gravissimes et mal connus, y est-il affirmé. Et le rapport constate une mauvaise évaluation de la dangerosité et des dommages causés par ces différentes substances. Ce qui entraîne cette constatation: pour être efficace, la politique de lutte contre les dommages des addictions ne doit plus se faire à partir des représentations de la réalité, mais être construite à partir de la réalité. Ce qui paraît en effet être un point de vue très intéressant.

11_092013_01_mildtMais le feuilleter, avec attention malgré tout, laisse une impression légèrement ambiguë. Parce que constamment est martelée cette notion de dommage au sous-entendu médical mais également légèrement vertueux…

 

Rapidement, on ressent une sorte de détournement d’analyses factuelles, qui remettent parfaitement en cause la simple prohibition inefficace, au profit d’un thérapeutique aux relents vaguement moralisateurs, seul envisageable puisque disant s’appuyer sur des données scientifiques de santé publique et non sur des représentation subjectives.

La Réduction des Risques qui, elle, s’appuie sur des réalités basiques, est donc explicitement évacuée sous le prétexte qu’elle peut trop facilement donner lieu à des politiques idéologiques relevant du bon et du mauvais sous-tendu du Bien et du Mal. Ce qui paraît un tantinet paradoxal, même sans grande réflexion. La notion de dommage étant bien plus connotée. Elle existe bien évidemment, mais c’est une conséquence d’un état de fait qui n’appartient peut-être pas uniquement à la santé publique et qui donc n’est pas solvable que dans cet interface…

Quoi qu’il en soit, pointe une prise en charge ne pouvant relever que de la médication. Cela change évidemment de la répression totalement pénitentiaire. Mais on reste sceptique quand même devant cette démarche plutôt régressive. Un quasi profane adulte repense aussitôt à des anciens cas de traitements, imposés à des condisciples par des praticiens hâtifs et des parents démunis psychologiquement. Ce qui explique sans doute les réserves émises par l’AFR et ASUD. D’ailleurs, ils ne sont pas les seuls…

 

Le rapport notifie bien également les nocivités de l’alcool, comme celles du tabac. Et alors aussitôt les vignerons dans leur ensemble se sont beaucoup émus des suggestions de retour à une conception plus drastique de la prévention. Ils ont directement mis en place une pétition et obtenu du ministre de l’agriculture son opposition officielle et déclarée à tout durcissement de la loi Evin. Quant au tabac, source de grands profits pour l’Etat, c’est un peu plus flou en dehors de la préconisation d’augmentation de taxes.

Il n’empêche, c’est bien sur ce rapport en particulier que paraissent devoir se décider les nouvelles orientations gouvernementales en matière de substances psychoactives, le mot drogue étant de plus en plus réservé aux commissariats et aux tribunaux. Néanmoins se pose la question du comment va t il être exploité.

par Ananda S.

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