dimanche, 22. décembre 2013

La Grande-Bretagne est elle prête à sa propre révolution cannabique?

Serait-ce par des arguments économiques que la fameuse « guerre à la drogue », concernant le cannabis, rejoindrait les oubliettes des prohibitions stupides ayant entraîné beaucoup plus de dégâts que de bienfaits? Pour Doug Fine, la solution est bien là. Ce qu’il affirmait dans sa récente conférence londonnienne à l’université de South Park. Il y précisait qu’aux Etats Unis, il ne pouvait y avoir de retour en arrière, et que «si cela se faisait là bas, c’était possible ici aussi».

Effectivement il n’est guère envisageable que les Etats américains puissent renoncer à la manne financière, évaluée globalement à 2,34 milliards de dollars pour 2014 et à plus de 10 milliards pour 2018, manne qui a, par exemple, sauvé la Californie de la faillite. Doug Fine, américain, est entre autres l’auteur de Too high to Fail, cannabis and the new green economic revolution dans lequel il analyse les industries cannabiques émergentes et la manière dont cette nouvelle économie verte peut faire évoluer son pays.

Pourtant ce modèle pragmatique par temps de crises paraît plus difficile à adapter dans la vieille Europe. En Grande-Bretagne, malgré l’appui du vice premier ministre Nick Clegg, David Cameron a pour l’instant fait rejeter toute proposition d’ouverture de débat. En avril 2012, la tentative des autorités de Brighton d’ouvrir une sorte de cannabistrot n’a pu se concrétiser.

 

Des avancées difficilement exportables

rbh23_12_07_GBNéanmoins, les tentations financières (qui ne rejette en rien les nombreux rapports sur le peu de malfaisance du cannabis), pourraient sans doute faire réfléchir. L’Institute for Social and Economic Research et le Independant Drug Monitoring Unit sont d’accord pour estimer un résultat oscillant entre 1 milliard 25 et 6 milliards selon le prix de vente et les taxes. Ce qui pourrait être utile au Trésor.

Par contre, le cadre juridique de la Grande Bretagne est plus contraignant que celui des Etats Unis. Actuellement cela nécessiterait que le Premier Ministre se retire unilatéralement des contraintes prohibitionnistes mondiales, au risque de bouleverser les accords avec les Etats Unis.

Et il faut également prendre en compte la sorte de psychose concernant l’éventualité d’un marché réglementé des mauvaises herbes. Par exemple, l’Irlande a rejeté par 111 voix contre 8 une motion parlementaire récente sur la réglementation du cannabis.

Comme le souligne le porte parole de Norml UK, la répression a développé une rupture de relation entre le pouvoir et la population. La première chose est de redéfinir l’image du cannabis médical, de sa cohérence et de son intérêt, afin d’établir des rapports plus pertinents.

 

Intérêt des CSC

Les militants britanniques se tournent vers le système des Cannabis Social Clubs, car ils espèrent qu’une Fédération européenne constituera une base permettant un avenir. En Espagne ou en Belgique avec Mambo, les clubs ont parfois des objectifs rejoignant l’industriel. Mais ils sont constitués de personnes responsables, socialement bien intégrées, ressemblant à des dizaines de milliers de citoyens ordinaires. Ce qui peut contribuer à faire évoluer la perception diabolique des mauvais herbes auprès du public.

En fait, le mur réel contre lequel achoppe toute velléité de régulation se situe à l’international onusien. L’exemple irréversible de l’Amérique, de laquelle provenait l’anathème, devrait permettre de faire prévaloir un autre point de vue sur le cannabis.

 

Abstract d’un article paru dans Vice.com le 19 Novembre sous la plume de Steve Sampson , co-auteur de Narcomania : How Britain Got Hooked on Drugs – www.vice.com

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