«Il n’y a pas de drogues douces, il n’y a que des drogues interdites», N. Sarkozy
Pour la neuvième fois, Yannick Noah est la personnalité préférée des Français. Sportif de haut niveau affirmant son goût pour les vertus du cannabis, chanteur attirant les foules aussi bien pour les grandes causes que pour les micro-projets humanitaires, il est la figure anti bling-bling, sans frontières, qui reflète les sentiments profonds de tous ceux pour qui la liberté a conservé un sens sous le régime de «Sarko-Le-Penible».
Zinédine Zidane et Mimi Mathy complètent le podium. Quatrième de ce palmarès, Simone Veil est reconnue pour l‘instauration de l‘IVG en 1974, mais aussi pour avoir, vingt ans plus tard, engagé la politique de réduction des risques en matière de drogues.
L‘émergence de ces personnalités, assez diverses pour le moins, est plutôt jubilatoire finalement. Bien sûr ce type de sondages ne fait pas l‘unanimité, aussi bien dans la forme que pour le fond.
Mais pour les défenseurs du cannabis, il laisse un peu d‘espoir quant aux autres sondages vilipendant la substance. Parce qu‘après tout, Yannick Noah, a été un de ceux qui n‘ont pas hésité à faire un «outing» revendiquant le petit joint, déclarations orales et souvent non commentées, mais suffisantes pour que tout le monde l‘entende. Ce qui ne l‘a pas empêché d‘effectuer un septennat à la tête de ce classement.
On s‘amuserait à faire d‘autres observations. Avec Zizou, qui lui ne se permettrait pas d‘intervenir sur ces questions sauf peut-être sous l‘angle du dopage… Mais n‘embrassait-il pas le crâne délicatement chatoyant d‘un Fabien Barthez contrôlé positif au THC, comme Bernard Lama, consacré meilleur gardien de but de la planète en 1996 ?
Et on peut se rappeler qu‘en pleine campagne électorale, deux troublions du PAF, Karl Zéro et Laurent Baffie racontaient un dîner fumeux dans les appartements de la Place Beauvau, où la tablée avait vu un joint faire le tour. Imaginez-vous de la super skunk parfumant la demeure du premier flic de France ? Alors que sur les estrades de ses meetings, il proclamait : «il n‘y pas de drogues douces, il n‘y a que des drogues interdites».
Néanmoins dans le PAF et les milieux tendances, les anecdotes abondent. Par contre, un écrivain de la jet-set, Frédéric Beigbeder, a fait une bonne préface, mesurée, au livre du journaliste de Libération, Michel Henry, qui explique «pourquoi la légalisation est inévitable».
En 2004, à Vienne, Michel Bouchet, ancien chef de la MILAD, expliquait dans les couloirs de la Commission Drogues et Narcotiques, que l‘augmentation de la consommation du cannabis en France était due au»narco marketing» dont se rendaient coupables plusieurs animateurs de télévision, stigmatisant en particulier Thierry Ardisson. Comme il l‘avait fait auparavant des Editions du Lézard.
Mais, lorsque par maladresses on chope un dealer des beaux quartiers, ou lorsqu‘un comportement dérive un peu trop, il faut bien tenter de mettre de l‘ordre, et faire un exemple. Le pauvre Delarue en est la preuve. Même s‘il devient difficile de suivre les traces de sa caravane rédemptrice, grâce à laquelle on a pu lui éviter le sort commun.
En fait, cette liste de personnalités préférées représente une sorte d‘hommage populaire, en total inadéquation avec les objectifs répressifs à-tout-va que martèle le gouvernement actuel. Hommage au métissage, à l‘immigration, au handicap et aux valeurs fondamentales. Mais aussi, principalement peut-être, aux qualités de cœur, au courage, à la gentillesse, à la simplicité, à la dignité. Notions semblant avoir un peu disparu des médias, dans lesquelles ces «élus» ne sont pas vraiment surexposés actuellement.
On peut lire là une sorte de message, glissé comme dans une bouteille jetée à la mer, qui suggèrerait une réponse aux lois sécuritaires, aux prohibitions forcenées, aux rétrécissements sociaux de toutes sortes qui nous étouffent. Finalement, les «pipoleries» peuvent être signifiantes.
Foto Carla Bruni: Peter17 | Montage: marker | Idee: FARId | cc by sa 3.0