Vers une chaîne vraiment transparente en matière de cannabis, c’est la direction que les Pays Bas s’engage à prendre dans les mois à venir, avec la proposition de loi portée par Magda Berndsen (D66-liberal)
Il y a différentes manières d’entrevoir un autre système de contrôle du cannabis en dehors de l’éradication totale de la plante et de ses usagers prônée par l’ONU. La réalité montre qu’au sein même de l’Union européenne cohabitent plusieurs politiques allant de la prohibition pure et dure à la française aux aménagements par décret de tolérance de la consommation et de la vente comme l’expérimente les Pays Bas depuis plus de trente ans.
Sauf que le système néerlandais des coffeeshops n’a jamais été très transparent, et contrairement aux messages de propagande des opposants à une légalisation, le cannabis des coffeeshops reste issu du marché noir, sans contrôle de qualité préalable, ni la possibilité de véritablement taxer chacune des transactions. Ce problème a son nom : « back door effect ». En effet, la « porte de derrière » symbolise cette « zone grise » où l’on s’interdit de connaître la chaîne de production en amont de la vente au consommateur.
D’ailleurs, en instaurant le « weitpass » (passe réservant l’accès aux coffeeshops à ses membres enregistrés) pour interdire aux étrangers de venir consommer et se fournir en Hollande, le précédent gouvernement avait réussi en quelques mois à réinstaller le deal dans la rue, ruinant ainsi trois décennies de pratique de séparation des marchés… En 2012, les électeurs avaient sanctionné cette dérive, tandis que la plupart des grandes villes hollandaises rejettent cet aménagement législatif.
C’est sur ce constat que la deuxième force politique du pays aux dernières élections, les libéraux du parti D66 osent aujourd’hui porter une loi pour légaliser le cannabis de la production à la consommation, avec ce qui pourrait s’appeler « la chaîne transparente ». Le 11 novembre dernier, l’une des figures bien connues de la Commission Globale sur la Politique des Drogues, Richard Branson affirmait dans un message qu’il soutenait cette proposition de la « chaîne transparente » soutenue par le TNI et la Fondation Epicurus.
Au delà de la volonté de permettre aux consommateurs de ne plus supporter l’énorme coût de la prohibition du cannabis dans le prix de vente au détail, la volonté des pouvoirs publics est plutôt de profiter directement de ce marché régulé en le taxant (on peut donc conclure que l’argument de la santé publique est en réalité un leurre). Mais est-on sur la bonne voie en instaurant une sorte de monopole d’état ? A-t-on vraiment besoin d’une nouvelle bureaucratie ? Pourra-t-on garantir aux consommateurs toutes les nuances d’effets et de finesse aromatique spécifique à chaque plante ? Ne risque-t-on pas d’avoir des produits standardisés qui remettront en selle les trafiquants cherchant à tirer bénéfice de ces écueils ?
Pour éviter toutes les conséquences négatives qui pourraient miner la volonté politique de changement, la légalisation de la production privée à des fins personnelles ou collectives dans un Cannabis Social Club (cercle privé de production et consommation réservé aux adultes et sans but lucratif) demeure la solution la plus simple et sans aucun doute la plus efficace pour anéantir le trafic.
Par exemple,