Subitement, alors qu’en France on jalousait la liberté qui paraissait s’être installée autour du cannabis, un des premiers clubs existant, Pannagh, celui de Barriuso, grand militant engagé depuis longtemps pour La Cause, se voit inculpé de n’être qu’une «organisation criminelle», et du délit de «trafic de drogues d’une quantité importante notoire». Ce pourquoi, sur ces deux chefs d’accusation, il est requis environ 6 ans de prison et des millions d’euros d’amendes.
Peut-être est-il nécessaire de rappeler que si la législation espagnole accorde une certaine autonomie aux provinces, la Basque en l’occurrence, le judiciaire est national. Néanmoins le club Pannagh avait été construit avec beaucoup de soins , comme le rappelait Barriuso dans le numéro 8 de RBH.
Il s’appuyait sur la Fédération des Associations d’Usagers du Cannabis (FAC) qui défend un modèle de petites unités produisant pour leur propre usage, thérapeutique ou non, sans aucune revente. Les grands clubs espagnols n’y sont pas affiliés. En fait le phénomène s’est développé, comme le rappelait Barriuso, sur les décisions de la Cour Suprême à propos de la consommation partagée des usagers de cocaïne ou d’héroïne. C’est avec ce point de départ, en se basant sur des décisions judiciaires, de nombreux avis de divers organismes, en sollicitant des légistes, que s’est élaboré le fonctionnement des CSC adhérents à la Fac, un peu aussi au gré des jurisprudences et des vides juridiques.
La province basque avait constitué une commission pour permettre de statuer sur ce type de projets. Les aléas politiques en ont semble t il retardé les conclusions.
Le 5 décembre, une conférence de presse à Bilbao devait protester contre ce revirement brutal et peu explicable objectivement. Le communiqué soulignait « Il est particulièrement préoccupant que soient inculpés comme membres d’organisation criminelle trois responsables du conseil d’administration de Pannagh alors que ce groupe est précisément une association légalement constituée et enregistrée, dont les activités se sont déroulées sans aucune clandestinité. Il est particulièrement injuste de punir plus durement ceux qui essaient de suivre la voie de la légalité, ce qui peut laisser penser à d’autres qu’il vaut mieux s’en écarter.»
Vu de France, ces rebondissements sont assez difficiles à comprendre. L’Espagne avait paru s’engager dans deux des modèles de régulation possible, le commercial et en parallèle l’associatif. Laissant à d’autres la régie d’Etat.
Or il se trouve que malgré toutes les dissonances, les politiques des petits pas qui vont qui viennent, on en arrive à un moment où le débat sur la prohibition du cannabis devient particulièrement délicat et urgent à cause des dérives suscitées par la situation actuelle.
Ces polémiques, qui contribuent à renvoyer au trafic un certain nombre de personnes de bonne volonté, n’apporte pas de vraies contributions solutionnantes.
Toute personne ou organisations qui voudraient signer ce manifeste peuvent envoyer leur soutien à freepannagh@gmail.com.
par Ananda S.